Page:De Bougainville - Voyage autour du monde, 1771.djvu/121

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par eux, elles sont énoncées sous cette dénomination, oppida christianomm.

On s’était attendu, en saisissant les biens des jésuites dans cette province, de trouver dans leurs maisons des sommes d’argent considérables ; on en a néanmoins trouvé fort peu. Leurs magasins étaient à la vérité garnis de marchandises de tout genre, tant de ce pays que de l’Europe, et même il y en avait de beaucoup d’espèces qui ne se consomment point dans ces provinces. Le nombre de leurs esclaves était considérable, on en comptait trois mille cinq cents dans la seule maison de Cordoue. Ma plume se refuse au détail de tout ce que le public de Buenos Aires prétendait avoir été trouvé dans les papiers saisis aux jésuites ; les haines sont encore trop récentes pour qu’on puisse discerner les fausses imputations des véritables. J’aime mieux rendre justice à la plus grande partie des membres de cette Société qui ne participaient point au secret de ses vues temporelles. S’il y avait dans ce corps quelques intrigants, le grand nombre, religieux de bonne foi, ne voyaient dans l’institut que la piété de son fondateur, et servaient en esprit et en vérité le Dieu auquel ils s’étaient consacrés. Au reste, j’ai su depuis mon retour en France que le marquis de Bucarelli était parti de Buenos Aires pour les missions le 14 mai 1768, et qu’il n’y avait rencontré aucun obstacle, aucune résistance à l’exécution des ordres du roi catholique. On aura une idée de la manière dont s’est terminé cet événement intéressant en lisant les deux pièces suivantes qui contiennent le détail de la première scène. C’est ce qui s’est passé dans la réduction Yapegu située sur l’Uruguay et qui se trouvait la première sur