Page:De Bougainville - Voyage autour du monde, 1771.djvu/329

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parut être celle de la Nouvelle-Guinée. Quelques heures après, on la vit plus clairement. C’est une terre haute et monteuse qui, dans cette partie, s’étend sur l’ouest-nord-ouest. Le 12 à midi, nous étions environ à dix lieues des terres les plus voisines de nous. Il était impossible de détailler la côte à cette distance ; il nous parut seulement une grande baie vers deux degrés vingt-cinq minutes de latitude sud, et des terres basses dans le fond qu’on ne découvrait que du haut des mâts. Nous jugeâmes aussi, par la vitesse avec laquelle nous doublions les terres, que les courants nous étaient devenus favorables ; mais, pour apprécier avec quelque justesse la différence qu’ils occasionnaient dans l’estime de notre route, il eût fallu cingler moins loin de la côte. Nous continuâmes à la prolonger à dix ou douze lieues de distance. Son gisement était toujours sur l’ouest-nord-ouest, et sa hauteur prodigieuse. Nous y remarquâmes surtout deux pics très élevés, voisins l’un de l’autre, et qui surpassent en hauteur toutes les autres montagnes. Nous les avons nommés les Deux Cyclopes. Nous eûmes occasion de remarquer que les marées portaient sur le nord-ouest. Effectivement nous nous trouvâmes le jour suivant plus éloignés de la côte de la Nouvelle-Guinée, qui revient ici sur l’ouest. Le 14, au point du jour, nous découvrîmes deux îles et un îlot qui paraissait entre deux, mais plus au sud. Elles gisent entre elles est-sud-est et ouest-nord-ouest corrigés ; elles sont à deux lieues de distance l’une de l’autre, de médiocre hauteur, et n’ont pas plus d’une lieue et demie d’étendue chacune.

Nous avancions peu chaque journée. Depuis que nous étions sur la côte de la Nouvelle-Guinée, nous avions assez régulièrement une faible brise d’est ou de nord-est, qui commençait