Page:De Bougainville - Voyage autour du monde, 1771.djvu/330

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

vers deux ou trois heures après midi et durait environ jusque vers minuit ; à cette brise succédait un intervalle plus ou moins long de calme qui était suivi de la brise de terre variable du sud-ouest au sud-sud-ouest, laquelle se terminait aussi vers midi par deux ou trois heures de calme. Nous revîmes, le 15 au matin, la plus occidentale des deux îles que nous avions reconnues la veille. Nous découvrîmes en même temps d’autres terres, qui nous parurent îles, depuis le sud-est-quart-sud jusqu’à l’ouest-sud-ouest, terres fort basses, par-dessus lesquelles nous apercevions, dans une perspective éloignée, les hautes montagnes du continent. La plus élevée, que nous relevâmes à huit heures du matin au sud-sud-est du compas, se détachait des autres, et nous la nommâmes le Géant Moulineau. Nous donnâmes le nom de la nymphe Alie à la plus occidentale des îles basses dans le nord-ouest de Moulineau. A dix heures du matin, nous tombâmes dans un raz de marée, où les courants paraissaient porter avec violence sur le nord et nord-nord-est. Ils étaient si vifs que, jusqu’à midi, ils nous empêchèrent de gouverner ; et, comme ils nous entraînèrent fort au large, il nous devint impossible d’asseoir un jugement précis sur leur véritable direction. L’eau, dans le lit de marée, était couverte de troncs d’arbres flottants, de divers fruits et de goémons : elle y était en même temps si trouble que nous craignîmes d’être sur un banc ; mais la sonde ne nous donna point de fond à cent brasses. Ce raz de marée semblait indiquer ici ou une grande rivière dans le continent, ou un passage qui couperait les terres de la Nouvelle-Guinée, passage dont l’ouverture serait presque nord et sud. Suivant deux distances des bords du soleil et de la lune, observées à l’octan