Page:De Bougainville - Voyage autour du monde, 1771.djvu/344

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semblé l’avant-coureur qui nous annonçait la fin de nos maux. L’aspect d’un bourg assez grand, situé au fond du golfe, celui de vaisseaux à l’ancre, la vue de bestiaux errant dans les prairies qui environnent le bourg, causèrent des transports que j’ai partagés sans doute, et que je ne saurais dépeindre.

Il nous avait fallu courir plusieurs bords avant que de pouvoir entrer dans le golfe, dont la pointe septentrionale se nomme pointe de Lissatetto, et celle du sud-est pointe Rouba. Ce ne fut qu’à dix heures que nous pûmes mettre le cap sur le bourg. Plusieurs bateaux naviguaient dans la baie ; je fis arborer pavillon hollandais et tirer un coup de canon, aucun ne vint à bord ; j’envoyai alors mon canot sonder en avant du navire. Je craignais un banc qui se trouve à la côte du sud-est du golfe. A midi et demi une pirogue, conduite par des Indiens, s’approcha du vaisseau ; le chef nous demanda en hollandais qui nous étions, et refusa toujours de monter à bord. Cependant nous avancions à pleines voiles, suivant les signaux du canot qui sondait.

Bientôt nous vîmes le banc dont nous avions redouté l’approche ; la mer était basse et il paraissait à découvert. A quatre longueurs de canot de son extrémité, on est sur cinq ou six brasses d’eau, mauvais fond de corail, et on passe tout de suite à dix-sept brasses, fond de sable et vase. Notre route fut à peu près le sud-ouest trois lieues, depuis dix heures jusqu’à une heure et demie que nous mouillâmes vis-à-vis la loge, auprès de plusieurs petits bâtiments hollandais, à moins d’un