Page:De Bougainville - Voyage autour du monde, 1771.djvu/395

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goût pour les sciences, y a fait construire, dans le jardin d’une de ses maisons, un observatoire qui honorerait toute maison royale. Cet édifice, qui est à peine fini, lui a coûté des sommes immenses. Il fait mieux encore, il y observe lui-même. Il a tiré d’Europe les meilleurs instruments en tout genre, nécessaires aux observations les plus délicates, et il est en état de s’en servir. Cet astronome, le plus riche sans contredit des enfants d’Uranie, a été enchanté de voir M. Verron. Il a voulu qu’il passât les nuits dans son observatoire ; malheureusement il n’y en a pas eu une seule qui ait été favorable à leurs désirs. M. Mohr a observé le dernier passage de Vénus, et il a envoyé ses observations à l’Académie de Harlem ; elles serviront à déterminer avec précision la longitude de Batavia.

Il s’en faut bien que cette ville, quoique belle, réponde à ce qu’annoncent ses dehors. On y voit peu de grands édifices, mais elle est bien percée ; les maisons sont commodes et agréables ; les rues sont larges et ornées la plupart d’un canal bien revêtu et bordé d’arbres, qui sert à la propreté et à la commodité. Il est vrai que ces canaux entretiennent une humidité malsaine qui rend le séjour de Batavia pernicieux aux Européens. On attribue aussi en partie le danger de ce climat à la mauvaise qualité des eaux ; ce qui fait que les gens riches ne boivent ici que des eaux de Selse, qu’ils font venir de Hollande à grands frais. Les rues ne sont point pavées, mais de chaque côté il y a un large et beau parapet revêtu de pierres de taille ou de briques, et la propreté hollandaise ne laisse rien à désirer pour l’entretien de ces trottoirs. Je ne prétends pas, au reste, donner une description détaillée de Batavia, sujet épuisé tant de fois. On aura l’idée de cette ville fameuse en sachant qu’elle est