Page:De Bougainville - Voyage autour du monde, 1771.djvu/418

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ordonnateur de la marine, embarqué avec moi volontaire et nommé depuis peu garde de la marine, mourut de la poitrine.

J’admirai à l’île de France les forges qui y ont été établies par messieurs de Rostaing et Hermans. Il en est peu d’aussi belles en Europe, et le fer qu’elles fabriquent est de la première qualité. On ne conçoit pas ce qu’il a fallu de constance et d’habileté pour perfectionner cet établissement, et ce qu’il a coûté de frais.

Il y a maintenant neuf cents nègres, dont M. Hermansa tiré et fait exercer un bataillon de deux cents hommes, parmi lesquels s’est établi l’esprit de corps. Ils sont entre eux fort délicats sur le choix de leurs camarades et refusent d’admettre tous ceux qui ont commis la moindre friponnerie.

Comment se peut-il que le point d’honneur se trouve avec l’esclavage ?

Pendant notre séjour ici, nous avions constamment joui du plus beau temps. Le 5 décembre, le ciel commença à se couvrir de gros nuages, les montagnes s’embrumèrent, tout annonça la saison des pluies et l’approche de l’ouragan qui se fait sentir dans ces îles presque toutes les années. Le 10, j’étais prêt à mettre à la voile, la pluie et le vent debout ne me le permirent pas ; Je ne pus appareiller que le 12 au matin, laissant L’Étoile au moment d’être carénée. Ce bâtiment ne pouvait être en état de sortir avant la fin du mois, et notre jonction était dorénavant inutile. Cette flûte, sortie de l’île de France à la fin du mois, de décembre, est arrivée en France un mois après moi. A midi, je pris mon point de départ par la latitude australe observée de vingt degrés vingt-deux minutes, et par cinquante-quatre degrés quarante minutes de longitude à l’est de Paris.

Le temps fut d’abord très couvert, avec des grains et