Page:De Musset - Voyage en Italie et en Sicile, 1866.djvu/118

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Il leva les yeux au ciel et fit claquer sa langue contre son palais, ce qui voulait dire non.

— Et pourquoi, repris-je, ne veux-tu pas te marier ?

Meneghe tenait à la main un bouquet de fleurs ; il me l’offrit pour rompre l’entretien.

— Il faut me répondre, poursuivis-je, est-ce que tu aimes encore Antonia ?

Meneghe saisit l’âne par la queue en poussant un cri sauvage et l’infortuné animal fit une traite d’une lieue au galop, toujours harcelé par son maître. Je retournai ainsi promptement à Sorrente. Arrivé sur la place, je renouvelai mes questions.

— Gnor, répondit enfin Meneghe, è fenutto pe me.

— Je te donnerai deux carlins de plus, lui dis-je alors, si tu me parles sincèrement, pourquoi dis-tu que tout est fini pour toi ?

— Pecchè trovaro na moglie, maje danaro e giubbetino colle sciure. Parce que je trouverai bien une femme, mais jamais d’argent ni de gilet à fleurs.

C’était sa belle toilette qui lui tenait au cœur.