Page:De Musset - Voyage en Italie et en Sicile, 1866.djvu/119

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La pétulance et l’exagération italiennes ne se voient nulle part aussi nettement que dans l’exécution d’un ballet et ce genre d’ouvrage trahit un côté du caractère méridional tout à fait naïf et enfantin. Le ballet pantomime de l’Italie ressemble, par le fond, à l’ancien mélodrame français. Il est orné, comme lui, de cavernes de brigands, de fioles empoisonnées, d’un traître, d’un tyran et d’un enfant courageux. Pour bien jour de ces représentations, il faut se mettre au point de vue d’un écolier âgé de dix ans. C’est une concession que le public de ce pays-là fait volontiers à l’auteur.

Le parterre italien s’émeut trop facilement pour pouvoir supporter une action dramatique forte ou terrible. Une tragédie de Shakespeare, exactement traduite, causerait des évanouissements dans la salle ou bien un cri général d’horreur et de réprobation. La tragédie classique d’Alfieri est, comme la nôtre, une suite de récits avec une action énergique, mais qui se passe dans les coulisses parce que le spectateur n’aurait pas la force de la voir. En Italie, les grandes