Page:De Musset - Voyage en Italie et en Sicile, 1866.djvu/194

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Le lendemain du jour où me fut racontée l’histoire de la belle toppatelle, j’eus le plaisir de voir arriver à Catan mon ami, le comte de M… J’avais quitté l’hôtel de la Couronne, malgré le grand cas que la jeune miss dont j’ai parlé faisait du patron de cette auberge et de son fromage blanc. Je me trouvai beaucoup mieux à l’hôtel de l’Etna où l’on m’avait donné une immense chambre à coucher et un salon orné de fresques, dans lequel auraient pu tenir deux cents personnes, le tout pour un prix si modique qu’on aurait peine à m’en croire. Le comte de M… partagea mon appartement qui, sans lui, m’eût paru d’une grandeur à donner le cauchemar. Nous employâmes notre première soirée à faire des projets de voyage. J’étais pressé de voir Palerme et M… ne songeait encore qu’à Syracuse. Il me fallut lui donner un congé de deux jours pour satisfaire son envie. Comme il était bon marcheur, il crut parer à l’inconvénient des mauvais chemins par l’excellence de ses jambes. Il n’écouta mes avertissements que d’une oreille et, aussitôt qu’il eût acheté une paire de gros souliers bien larges, il se mit à tourner rapidement autour