Page:De Musset - Voyage en Italie et en Sicile, 1866.djvu/225

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colère. Le joueur impie se corrigea et fit pénitence dans un cloître. Une église a été bâtie sur le lieu de cette scène miraculeuse et, pour attester l’exactitude de la chronique, l’œil de la vierge est resté malade et enflé. Un second miracle ne tarda pas à révéler la puissance de cette image. Dès lors, les gens en peine ou en danger l’adoptèrent de préférence, pour adresser leurs vœux à la mère du Sauveur et le nombre prodigieux des témoignages de gratitude qui tapissent cette église prouve qu’il s’en trouvèrent bien. Celui qui, par accident ou autrement, se voit à deux pas de la mort, a des chances d’échapper au danger s’il trouve le temps de faire un vœu à la Madone dell’Arco. C’est dans ce petit village, au pied du Vésuve et au milieu de ces bosquets de vigne, que la sainte Vierge aime à guérir et à consoler.

La fête a lieu le lundi de la Pentecôte. Les jeunes filles du pays attachent tant de prix à cette journée qu’elles exigent l’insertion aux contrats de mariage d’un article spécial, portant que l’époux s’engage à conduire, tous les ans, sa femme à la fête de la Madone dell’Arco. Voilà, du moins, une précaution qui permet d’espérer qu’une coutume aussi solidement établie ne s’en ira pas, de longtemps, rejoindre tant d’autres vieux usages perdus et regrettables.

Pendant plusieurs jours à l’avance, on se prépare à cette partie de plaisir. On reconnaît, dans Naples, beaucoup d’habitants des provinces ; les bateaux à vapeur, venant de la Sicile, regorgent de passagers ; on entend, dans les tavernes ou au bord de la mer, les chansons populaires des villages des environs. La nuit qui précède la fête offre un spectacle pittoresque :