Page:De Musset - Voyage en Italie et en Sicile, 1866.djvu/258

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Mon compagnon de voyage, don Hasdrubal, venait tous les matins m’éveiller à sept heures pour courir le pays avant le moment de la chaleur. Malgré son origine évidemment espagnole, je l’aimais à cause de son caractère naïf et bon. Je lui savais gré, d’ailleurs, de son enthousiasme pour la France. Il ne me parlait qu’en français, dont il savait à peine quelques mots et je lui répondais en italien, ce qui composait une conversation assez comique. Le seul défaut de cet excellent garçon était une indiscrétion imperturbable et un manque de tact qui en faisait une espèce d’enfant terrible. Il n’y avait, sur ma table, ni lettres, ni album de voyage, ni papiers dont il ne s’empressât de prendre connaissance, me demandant des explications et des commentaires sur les passages qu’il n’entendait pas et avec tant de simplicité que je n’avais pas le courage de lui reprocher sa curiosité.

Un jour, nous cheminions ensemble dans les rues ; je suis abordé par un artiste chauve que j’avais vu la veille à l’académie de peinture. L’étranger ôte son chapeau et don Hasdrubal, apercevant le crâne privé