Page:De Musset - Voyage en Italie et en Sicile, 1866.djvu/260

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d’enfant endormi, au bas de laquelle nous lisons Holbecq.

— Ceci n’est donc pas de M. Thorwaldsen ? Demande le Carthaginois.

A ces mots, un grand jeune homme, d’une physionomie distinguée, s’approche de nous.

— Messieurs, dit-il, cette statue est de moi. Je suis élève de Thorwaldsen.

Don Hasdrubal n’écoute rien. Il se courbe, regarde le nom gravé sur le marbre, en étudie la prononciation difficile en faisant une grimace par excès d’application ; puis il se tourne vers l’artiste et répète trois fois :

— Holbeck ? Est-cela ? L’auteur s’appelle Holbeck ?

J’aurais voulu m’abîmer à cent pieds sous terre. Le jeune homme salue d’un air offensé, nous tourne le dos et va se remettre au travail. Je prends la fuite, suivi de l’Africain.

— Malheureux, lui dis-je, vous aurez choqué ce jeune artiste en lui jetant ainsi son nom au visage. Il venait nous faire les honneurs de l’atelier ne l’absence de M. Thorwaldsen et vous l’accueillez avec une grossièreté inouïe !

— Quelle grossièreté ? répond mon sauvage. Je ne connais pas ce monsieur. Pouvais-je savoir qu’il était Holbeck ? Est-ce une offense que d’appeler un homme par son nom ? Vous autres, Français, vous imaginez mille puérilités qui n’existent pas.

Jamais il ne voulut comprendre sa sottise et, finalement, je le laissai dans son obstination carthaginoise.

Tous les guides, en Italie, étant d’accord pour vous