Page:De Musset - Voyage en Italie et en Sicile, 1866.djvu/283

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

du Vatican, à côté de la Transfiguration et de la Communion de Saint-Jérôme.

Perugia est plus grande que Foligno, on y trouve une quantité de beaux ouvrages, malgré les larcins que les capitales font toujours aux villes de second ordre. Le Pérugin, l’un des artistes les plus féconds et les plus laborieux de la renaissance y a laissé tant de tableaux que Rome n’a pas encore tout enlevé. Avant d’arriver à Perugia, on rencontre, au milieu d’une campagne presque déserte, la vaste église de Sainte-Marie des Anges, tout nouvellement restaurée avec luxe. La ville est assez abondamment pourvue d’édifices religieux pour qu’on n’ait pas besoin d’aller chercher une messe à deux lieues dans la plaine. Sainte-Marie des Anges ne sert qu’aux moines d’un couvent et à des paysans, pour qui une église de village serait plus que suffisante ; mais, en Italie, quand on travaille pour Dieu, on est prodigue. L’économiste du Nord, qui demande à la matière l’intérêt de son argent, rirait de pitié en voyant un peuple pauvre dépenser, en murailles inutiles, ce qu’il pourrait employer en rail-ways et en chaudières. « Mon cher monsieur, lui diraient les bonnes gens du Midi, cet édifice, qui ne rapporte rien à notre bourse, répond à un sentiment que nous portons dans le cœur et que vous avez perdu ; par conséquent, nous sommes plus riches que vous ». Tandis que je parcourais les églises avec le Carthaginois, M. V… employait bien son temps auprès de la belle Napolitaine. Je les trouvai ensemble, riant aux éclats et causant avec beaucoup de feu, sans comprendre, ni l’un ni l’autre, un mot de ce qu’ils disaient. Notre algébriste avait découvert que le jeune Italien dont les assiduités l’avaient