Page:De Musset - Voyage en Italie et en Sicile, 1866.djvu/288

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L’impression lugubre que produit l’entrée à Florence ne dure qu’un moment. Il n’y a de triste que les pierres et tout le reste, au contraire, vous gagne le cœur par des sourires, des paroles douces et un accueil bienveillant. Derrière la sombre poterne sont de bonnes gens qui vous reçoivent comme un ami. Par la fenêtre grillée s’envole dans les airs une chanson comique. Au lieu de guet-apens, vous rencontrez, au détour de la rue, une embuscade de jolies femmes qui babillent à perdre la respiration. Le marchand vous sert poliment, au pris le plus modique ; le dîner est excellent, l’hôtelier soigneux et la carte à payer fort légère. Vous revenez de vos préventions injustes et, avant la fin du premier jour, vous reconnaissez que Florence est une des villes les plus aimables du monde.

Le matin, les rues sont singulièrement animées. On ne voit que des fleurs et des fruits, des mines épanouies, une propreté exemplaire et point de haillons. Les frisettes, mises avec une certaine recherche, circulent deux à deux, jasant et riant tout le long du