Page:De Musset - Voyage en Italie et en Sicile, 1866.djvu/297

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En arrivant à Pise, on s’aperçoit tout de suite que les Français y viennent souvent car le meilleur hôtel a, pour enseigne, un hussard de l’empire, avec cette inscription, qui révèle le grand usage qu’on a de notre langue : A l’Hussard. Pise est la ville la plus complètement morte de toute l’Italie. L’herbe pousse sur la grand’place et, sans les jeunes gens de l’université, on entendrait voler les mouches. Du haut de la tour penchée, Galilée a découvert le secret qui l’a mené au chevalet de l’inquisition. Urbain VIII récompensait le génie en lui octroyant des hernies inguinales. Depuis le quatorzième siècle jusqu’à nos jours, la tour de Pise a fourni une énigme sur laquelle une foule de savants se sont exercés. Soufflot est le dernier qui ait attribué l’inclinaison à l’abaissement du terrain ; mais on montre, actuellement, au baptistère, le travail d’un architecte anglais qui prouve clairement que la tour a été bâtie, exprès, telle qu’on la voit. Les fondations ont leur aplomb ; seulement les colonnes du sud sont de quatorze pouces moins longues que celles du nord à chaque rangée, ce qui produit, sur la hauteur totale, une inclinaison de quinze pieds. La même différence se retrouve dans la coupe des pierres à l’intérieur et elle est sensible jusque dans les marches de l’escalier tournant. Wilhem, l’architecte de la tour, a voulu qu’elle fût penchée et, sans doute, il s’est appliqué à la rendre plus solide et plus durable que les tours les plus droites ; c’est une facétie gigantesque dont on peut nier le mérite et qui choque tout à fait le goût. Il devrait être défendu à un habile homme de faire de l’esprit avec des pierres de taille. Quant au Campo-Santo, on a écrit, à son sujet, les plus belles choses du monde ; je confesse qu’il m’a laissé