Page:De Musset - Voyage en Italie et en Sicile, 1866.djvu/302

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des surplis et de préparer des vases de fleurs la veille des grandes fêtes. Un dimanche, tandis que son oncle officiait, elle aperçut Andronic appuyé contre le mur et qui la regardait avec tant de plaisir qu’elle se sentit toute joyeuse ; d’un autre côté se trouvait Matteo qui la contemplait avec tant de ravissement qu’elle en fut tout à fait flattée. Elle comprit qu’elle avait deux amoureux de plus et les deux jeunes gens virent bien qu’ils étaient rivaux.

Dans ce temps-là, il y avait, hors des murs, une pauvre famille dont la maison venait de brûler. On fit des souscriptions en faveur des incendiés et le curé de Santa-Maria della Spina voulut que sa nièce quêtât dans son église. Fioralise mit sa plus belle robe et se para de fleurs. On accourut en foule au Tempietto pour lui apporter de l’argent. Pas un étudiant ne donna moins d’un paolo, c’est-à-dire douze sous de France ; et moi qui vous parle, j’offris bel et bien un demi-écu. Andronic glissa quelques mots à l’oreille de Fioralise qui lui répondit par un sourire charmant et Matteo reçut, en échange de ses compliments, une révérence gracieuse qui signifiait que l’amour ne faisait pas peur à la quêteuse. Une heure après, on ferma l’église : la foule se dispersa et, sur le quai de l’Arno, il ne resta plus qu’Andronic et Matteo, à dix pas l’un de l’autre. Le curé arriva bientôt ; les deux jeunes gens le suivirent jusque chez lui, non sans être remarqués de la belle nièce qui partageait ses œillades entre les deux galants, avec une justice scrupuleuse. Andronic et Matteo se rencontrèrent devant la porte du curé et se parlèrent pour la première fois.

— Il paraît, dit Matteo, que le même motif nous