Page:De Musset - Voyage en Italie et en Sicile, 1866.djvu/305

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de brusquerie qu’il se brisa et que le manche de fer leu resta dans la main. La servante, en lui ouvrant, ne manqua pas de crier comme un aigle après ce signor qui venait de rompre la campanella. Sans écouter les excuses et supplications d’Andronic, elle annonça au curé qu’un étranger, qui avait rompu la campanella, demandait à lui parler et le bonhomme reçut, de fort mauvaise humeur, ce diable d’homme qui lui avait rompu sa campanella. L’amoureux, décontenancé, balbutia quelques mots inintelligibles et devint muet comme un poisson. Heureusement, Fioralise vint à son secours. Elle assura que le dégât n’était pas grand et réussit à calmer un peu son oncle. Le bonhomme tirait de l’eau d’une citerne et se fatiguait à remplir un tonneau ; Andronic prit la corde et puisa quinze seaux d’eau en un moment, ce qui répara la faute de la sonnette rompue.

— A présent, mon ami, lui dit le curé, voyons le sujet qui vous amène, si toutefois votre mère n’a pas oublié de vous faire une langue.

— Je vous apporte un paolo pour votre quête, répondit Andronic et, en même temps, je suis bien aise de regarder votre aimable nièce qui est la plus belle personne de Pise et à laquelle nous avons donné le surnom de Vénus du Tempietto. Mais, si vous me trouvez indiscret, je vais me retirer, monsieur le curé.

— Sainte Marie ! s’écria Fioralise en éclatant de rire, c’est absolument ce que nous a dit l’autre signor qui était ici tout à l’heure.

— Mon ami, reprit le curé, regardez ma jolie nièce je vous le permets, et, puisque vous êtes si robuste,