Page:De Musset - Voyage en Italie et en Sicile, 1866.djvu/312

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rivaux se séparèrent, tout le monde se sentit soulagé, comme si un tigre et un lion eussent passé par miracle dans ce café sans faire de mal à personne. Mais je m’aperçois que vos seigneuries sont elles-mêmes saisies d’effroi ; laissons-leur le temps de se remettre un peu de leur émotion.

— Continuez, dit M. V… ; nous attendons avec impatience le dénouement.

— Je m’arrête à dessein, reprit le narrateur, pour vous rappeler que je vous avais annoncé deux personnages de l’antique Etrurie et un exemple frappant des fureurs de la jalousie.

— De grâce, interrompis-je, achevez d’abord le récit de ce combat.

— Les héros d’Homère, dit l’étudiant, tiennent un langage que nous regardons aujourd’hui comme exagéré et cependant…

— Par pitié, remettons les réflexions à un autre moment.

— Il ne manquait à Andronic que les armes du fils de Pélée, à Matteo que le bouclier d’Hector…

— Le combat, le combat !

— Et si, au lieu de vous dire les choses tout simplement, j’avais mis cette histoire en vers pompeux, vous auriez vu qu’Andronic aux longues jambes…

— Le combat, le combat, le combat !

— Et Matteo, l’invincible, ne l’eût cédé en rien…

— De par tous les diables ! Le combat. Nous ferons après des comparaisons et des parallèles.

— Que demandent vos seigneuries ? Dit le narrateur d’un air étonné.

— Nous demandons