Page:De Musset - Voyage en Italie et en Sicile, 1866.djvu/318

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Il faut voir comment les Bolonais s’acquittent d’une révolution.

— Dio santo ! répétait le voiturin, qu’allons-nous trouver à Bologne ?

— Si vous ne voulez pas marcher, dit M. V… en prenant les guides, je vais conduire vos chevaux jusqu’à la ville.

— Diables de Français ! reprit l’homme en remontant sur le siège ; ils n’aiment que le bruit, les querelles et les coups.

— C’est une calomnie, dit M. V… Nous ne méritons plus cette antique réputation.

Au bout d’une demi-heure, nous étions parvenus, sans le moindre danger, à l’hôtel de la Pension suisse, où nous déjeunions de fort bon appétit. Bologne n’avait pas précisément l’air d’une ville troublée. On voyait bien, sur les places, des groupes de gens qui causaient à voix basse et se demandaient les nouvelles, mais on ne remarquait point de signes inquiétants de fermentation. Le musée des beaux-arts nous fut ouvert et nous eûmes le loisir d’admirer la fameuse sainte Cécile de Raphaël, les Dominiquins et les Carraches, comme si la Romagne eût été tranquille. Bologne est la première grande ville d’Italie qui ne m’ait pas séduit. Les rues étroites, bordées de galeries sombres et basses, en pierres couleur de plâtre, sont tout à fait maussades. Il semble qu’on marche sous les offices et les cuisines d’un palais, sans arriver jamais au bel endroit de la maison. On y pourrait faire deux lieues sans voir le ciel et le regard est si borné qu’on finit par désirer ardemment de l’air, une plaine et des horizons éloignés. Les fameuses tours peuvent être remarquables par leur