Page:De Musset - Voyage en Italie et en Sicile, 1866.djvu/336

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cette coterie, ce qui eût rendu à Zanze une liberté dont elle avait perdu l’habitude. Le projet fut éventé ; Marino fut tué dans son palais et Anzelina, entendant un grand tumulte, accourut pour recevoir la tête de son ami qu’on lui jeta du haut d’un escalier.

A la suite de cette aventure tragique, il y eut d’autres malheurs accablants : des maladies, des incendies, des querelles terribles. Zanze faillit mourir de la peste ; une partie de son habitation s’écroula par un mouvement de terrain. Une voisine rivale vint la menacer jusque dans son palais, avec le dessein de lui arracher les yeux. Cette méchante voisine lui suscita des procès et les gagna par la corruption et les menaces. Pour surcroît d’ennui, les tuteurs gouvernaient fort mal les affaires d’Anzelina et l’eussent ruinée si on ne lui eût choisi un maître habile et puissant. Le seigneur Francesco releva sa fortune en peu de temps ; mais lorsqu’il eût rétabli les affaires et mis de l’ordre dans la maison, le conseil le prit en aversion et ne songea plus qu’à se défaire de lui. Francesco avait un fils imprudent qui manqua de respect à l’amie de son père. Anzelina eût bien volontiers pardonné une légère faute ; les tuteurs feignirent une colère épouvantable, afin de persécuter le maître dans la personne de son fils. On chassa le jeune homme avec ignominie. Il revint au logis en secret pour voir sa famille ; on le surprit et on l’enferma dans une cave où il mourut. Enfin, voyant que don Francesco ne voulait pas se laisser dégoûter de sa position, les tuteurs poussèrent l’audace jusqu’à le destituer et le mettre à la porte. Zanze eût la faiblesse de ne pas s’opposer à une résolution aussi insolente et Francesco sortit de la maison sans témoigner