Page:De Musset - Voyage en Italie et en Sicile, 1866.djvu/341

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Bien m’en prit d’avoir terminé par Venise car, si j’avais débuté par là, le voyage en Italie aurait pu se borner à cette seule ville, tant il est difficile de s’en arracher. Nous y restâmes aussi longtemps que possible et nous y serions encore si la plus impérieuse des nécessités, la question d’argent, ne nous eût forcés à passer les monts. Le simple examen de nos lettres de crédit et la progression décroissante des fonds nous ayant avertis que la patrie nous réclamait, nous partîmes, M. V… et moi, par le courrier de Milan, nous promettant, par un serment solennel, de nous retrouver un jour sur la place Saint-Marc, ce que nous n’exécuterons probablement jamais. Hannibal, lui-même, qui avait de la volonté, ne revit plus l’Italie une fois qu’il eût touché les côtes d’Afrique.

En sortant de cette ville si originale, les choses perdaient leurs couleurs à mesure que nous avancions vers l’ouest. Vicence et Vérone ont encore quelque physionomie. A Milan, l’Italie s’éteint. Sauf un petit nombre de palais, on ne voit plus que des