Page:De Musset - Voyage en Italie et en Sicile, 1866.djvu/78

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sont vaincus par ce jeune premier, si hérissé de panaches qu’on ne lui voit plus les yeux. C’est une façon de vivre dont vous ne connaissez pas le charme dans ces climats sombres et hostiles où vous êtes replié sur vous-mêmes, les pieds au feu, et tourmenté jusque par l’air que vos poumons respirent.

Après San-Carlo, les autres théâtres de musique ne méritent pas qu’on s’en occupe. Celui du Fondo n’est qu’une succursale de l’Opéra. On y joue les mêmes ouvrages exécutés par la même troupe. Au théâtre Nuovo, le répertoire est composé de vaudevilles français traduits en mauvais opéras comiques. Laissons cela de côté : il y aurait trop de certitude d’ennuyer le lecteur à lui parler d’un endroit où l’on s’ennuie.

La comédie est morte, en France, de sa mort naturelle. Lorsqu’elle florissait, il y avait de l’exagération dans le caractère français. Les originalités, les ridicules et les travers étaient évidents, faciles à saisir, connus de tout le monde et, de plus, le partage d’une coterie particulière donnait le ton au reste de la nation. Aujourd’hui, les travers et les ridicules ne sont pas moindres, en somme ; mais, en se divisant sur un plus grand nombre, ils ont pris des proportions mesquines et ils échappent à la comédie qui ne trouverait plus aussi facilement le succès populaire. En Italie, au contraire, les fortes proportions se sont conservées. L’influence appartient à des coteries et à des minorités, aux dépens desquelles le reste du public rirait volontiers. La comédie trouverait toutes les conditions désirables d’une bonne existence ; mais une force supérieure lui ferme la bouche. Les théâtres se traînent à la suite des productions