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nez-vous donc, ma Philothée, d’examiner souvent votre cœur, s’il est tel envers le prochain, comme vous voudriez que le sien fût envers vous, si vous étiez en sa place ; car voilà le point de la vraie raison. Trajan étant censuré par ses confidents de quoi il rendait, à leur avis, la majesté impériale trop accostable : « Oui da ! dit-il, ne dois-je pas être tel empereur à l’endroit des particuliers, que je désirerais rencontrer un empereur, si j’étais particulier moi-même ? »


CHAPITRE XXXVII

DES DÉSIRS


Chacun sait qu’il se faut garder des désirs des choses vicieuses, car le désir du mal nous rend mauvais. Mais je vous dis de plus, ma Philothée : ne désirez point les choses qui sont dangereuses à l’âme, comme sont les bals, les jeux et tels autres passe-temps ; ni les honneurs et charges, ni les visions et extases, car il y a beaucoup de péril, de vanité et de tromperie en telles choses. Ne désirez pas les choses fort éloignées, c’est-à-dire qui ne peuvent arriver de longtemps, comme font plusieurs, qui par ce moyen lassent et dissipent leurs cœurs inutilement, et se mettent en danger de grande inquiétude. Si un jeune homme désire fort d’être pourvu de quelque office, avant que le temps soit venu, de quoi, je vous prie, lui sert ce désir ? Si une femme mariée désire d’être religieuse, à quel propos ? Si je