Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/180

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Qui gouverne la terre, et dont la seule voix
Renverse les estats, les thrônes, et les rois.
Le nostre, ô vaillants chefs, si digne de vos larmes,
A fait trembler le monde au seul bruit de ses armes :
Mais ce n’estoit qu’un homme, et l’on voit en ce lieu,
Que l’homme ne peut rien contre le bras d’un dieu.
Adorons des secrets qui sont impenestrables ;
Sauvons de ce debris les restes pitoyables ;
Invoquons du tres-haut les advis sans pareils ;
Et faisons qu’il preside à nos sages conseils :
Ayons pour nostre objet son honneur et sa gloire,
Et le bien de l’estat plus grand que la victoire.
Là le sage prelat termine son discours ;
Là chacun de ses pleurs veut arrester le cours ;
Là chacun s’examine, examinant la chose ;
Et ce bien de l’estat est ce qu’on se propose :
Chacun l’a pour objet ; chacun s’en fait des loix ;
Et lors qu’un long silence eut arresté leurs voix,
Hildegrand affligé de la perte publique,
Avec un long soupir en ces termes s’explique.
En l’estat malheureux qu’on nous voit aujourd’huy,
Le haut dessein du roy finit avecques luy :
Ce dessein despendoit de sa seule personne :
Il faut, pour l’achever, porter une couronne :
Et si de la raison je discerne le choix,
Je tiens qu’il faut un roy pour combatre des rois.
Si par cette raison mon ame n’est trompée,
Il faut porter un sceptre aussi bien qu’une espée :