Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/341

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dispose des combats ;
Le destin des vaincus pour vous plaire est trop bas.
J’ay bien veu le devoir, mais je n’ay pû le suivre :
Pour vous revoir encor, encor j’ay voulu vivre :
Mais je connois ma faute ainsi que mon devoir :
C’est trop pour des vaincus que l’honneur de vous voir.
Je ne dispute pas que vous ne soyez brave,
Mais on me revoit libre, et vous fustes esclave,
(Dit Tiburse irrité d’entendre son rival)
Et vostre indigne sort au mien n’est plus esgal.
Il est vray, dit Valere, et Rome est bien instruite,
De ma captivité comme de vostre fuite :
Et le choix de ces maux n’estant guere douteux,
Probé connoistra bien le plus ou moins honteux.
Quoy vous pouvez avoir ces esperances vaines !
Quoy l’illustre Probé partageroit vos chaisnes !
(Respond encor Tiburse) et l’affranchy des Goths,
Où l’esclave eschapé peut tenir ces propos !
Oüy, oüy, respond Valere, adorable personne,
Tiburse est de retour, donnez-luy la couronne :
Il la merite bien, puis qu’au lieu de mourir,
Il croit qu’un si beau prix se gagne à bien courir.
Si les fers d’un grand roy deshonnorent un homme,
Ce n’est pas en fuyant que l’on doit revoir Rome :
Et Caton vostre ayeul, dit à tous les Romains,
Que si l’on doit fuir, c’est avecques les mains.
Ha ! Cessez, dit Probé, d’adjouster des injures,
Au malheureux succés qu’ont eu nos avantures :
Je vous