Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/342

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connois tous deux pleins de zele et de foy ;
Tous deux dignes de Rome aussi bien que de moy ;
Vos fers sont glorieux ; vostre fuite est prudente ;
L’amour de la patrie en vos cœurs est ardente ;
Et si le sort trahit vos desseins genereux,
Ils ne sont pas moins grands pour n’estre pas heureux.
Mais illustres guerriers, puis qu’Alaric s’avance,
La palme disputée est encor en balence :
Je vous verray combatre ; et vos illustres soins,
Auront Probé pour juge, et ses yeux pour tesmoins.
Or sus donc nobles cœurs, espousez sa querelle :
Combatez vaillamment, et pour Rome, et pour elle :
Et par vos grands exploits vous faisant redouter,
Tâchez de l’obliger à choisir sans douter.
Comme lors que la mer gronde, bruit, et tempeste,
Le paisible Alcion en se monstrant l’arreste :
Accoise sa fureur qu’on voyoit escumer, (apaise)
Et regne sur les flots que luy seul peut calmer.
De mesme de Probé la voix toute puissante,
Appaise des guerriers la colere naissante :
Et fait que par respect, et l’un et l’autre amant,
Renferme dans son cœur tout son ressentiment.
Ils ne disent plus rien, de peur de luy desplaire :
Et pour se l’acquerir chacun songe à bien faire :
Chacun d’eux se prepare à mille grands exploits,
Afin d’estre honnoré de son illustre choix.
Mais durant qu’une belle exerce son empire,
Une plus belle encor se despite et soûpire :
Et se