Page:De Scudery - Eudoxe, tragi-comédie, 1641.djvu/14

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La princesse parut sensible au dernier point ; [145]

Comme il ne l'aimait pas, elle ne l'aima point :

Et comme je l'aimais par un bonheur insigne,

Elle eut un peu d'amour pour un objet indigne.

Ô moments glorieux, entretiens ravissants,

Secrets témoins d'amour, qui charmiez tous mes sens ! [150]

Ô douceurs jusqu'alors aux mortels inconnues,

Hélas ! Respondez-moi, qu'êtes-vous devenues ?

Voici le point fatal qui causa ma fureur :

Le prince étant neveu de ce grand empereur,

Il lui promet sa fille, afin qu'en un seul homme, [155]

Et l'empire de Grèce, et l'empire de Rome,

Puissent n'avoir enfin qu'un maître quelque jour :

Ici l'ambition l'emporte sur l'amour ;

L'un méprise Isidore, et l'autre m'abandonne ;

Tous deux rompent leurs fers, pour prendre une couronne ; [160]

Et sans avoir d'amour que pour la vanité,

Du fait du bonheur je suis précipité.

Olicharsis

Mais que lui dites-vous en cette conjoncture ?

Ursace

Après avoir souffert en secret la torture,

Après que le respect, le dépit, la douleur, [165]

Le souvenir du bien, et l'objet du malheur,