Page:De Scudery - Eudoxe, tragi-comédie, 1641.djvu/16

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Je ne vous dirai point que votre âme royale [195]

N'a jamais condamné ma flamme sans égale,

Quelle approuva mes feux, mes fers et mes liens ;

Et qu'en les approuvant, elle montra les siens.

Je ne vous dirai point, ô gloire des princesses,

Que par mille serments, et par mille promesses, [200]

cette bouche adorable a souvent protesté

d'égaler sa constance à ma fidélité.

Non, je n'en dirai rien ; et je ne parle encore,

Que pour jurer encor à celle que j'adore,

Que malgré son mépris, et son prompt changement ; [205]

Que malgré ma colère, et mon ressentiment ;

Je regarde venir ce fatal hyménée,

Je regarde venir ma dernière journée,

Sans perdre le respect que je dois à son rang,

Et que je vais signer ce discours de mon sang. [210]

Olicharsis

Et que répondit-elle à ces mots pleins de charmes ?

Ursace

son bel œil le premier répondit par des larmes :

Mille profonds soupirs, qui sortaient à la fois,

Empêchèrent longtemps l'usage de sa voix ;

Mais enfin, s'efforçant contre la violence [215]

Des sanglots redoublés qui causaient son silence,

Elle me protesta, que ses feux innocents

N'avaient jamais été plus vifs, ni plus puissants,