Page:De Scudery - Eudoxe, tragi-comédie, 1641.djvu/17

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Et que sa flamme aussi n'étant point criminelle,

Elle me promettait de la rendre éternelle ; [220]

Et que sans offenser l'honneur de son époux,

L'amour et la vertu régneraient entre nous.

Elle me conjura de prendre connaissance

De ce qu'elle devait à sa haute naissance ;

Et de considérer que les filles des rois [225]

Ne pouvaient conserver la liberté du choix.

Que la raison d'état qui croit tout légitime,

Fait souvent d'une reine une pauvre victime,

Et conduit au supplice un esprit amoureux,

Que le trône éclatant ne saurait rendre heureux, [230]

Mais qu'il faut obéir à cette loi fatale :

Qu'au reste, son amour qui n'eut jamais d'égale,

Aurait la même force, et la même douceur,

changeant le nom d'amante au chaste nom de sœur :

Que j'étais assuré, qu'une flamme infidèle, [235]

En cette occasion, ne disposait point d'elle ;

Que le devoir tout seul me la venait ravir ;

Et qu'enfin je vécusse afin de la servir.

Olicharsis

Quels furent vos pensées, alors pour la princesse ?

Ursace

Malgré ma passion, je connus sa sagesse ; [240]

Et lors que la raison eut assez combattu,

Je me jette à ses pieds, adorant sa vertu :