Page:De Scudery - Eudoxe, tragi-comédie, 1641.djvu/18

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Doux et puissant esprit (lui dis-je avec des larmes)

Puisque vous le voulez, mon amour rend les armes ;

Mais si vous conservez pour moi quelque pitié, [245]

Joignez en ma faveur, l'amour, et l'amitié ;

Je ne demande point de plus parfaite joie,

Si vous pouvez souffrir, que j'aime, et que je voie.

L'un et l'autre (dit-elle) est juste en vos malheurs,

Lors elle me quitta, voulant cacher ses pleurs. [250]

Olicharsis

Ô merveilleux amour ! ô vertus adorables !

Amants, que la sagesse a fait incomparables !

Ursace

Ainsi ce grand hymen s'achève en peu de jours :

Mais pour n'allonger pas un si triste discours,

Vous savez, cher ami, sans que je vous le die, [255]

Qu'ils eurent en neuf ans, Eudoxe et Placidie ;

Et qu'Olimbre amoureux de ce soleil naissant,

Fit naître en son berceau, son amour innocent,

Je dis pour Placidie, et son âme enflamée

L'aima dès sa naissance, et l'a toujours aimée ; [260]

Et par un sort égal à sa fidélité,

Il engagea si bien cette jeune beauté,

Que la suite des ans en augmentant son âge,

N'a fait que l'obliger à l'aimer davantage.

Mais en ce même temps, un funeste accident [265]

Ravit Honorius, empereur d'occident :