Page:De Scudery - Eudoxe, tragi-comédie, 1641.djvu/19

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Mon maître prend la route où son désir aspire,

Afin d'aller à Rome établir son empire :

Là sa femme le suit, et nous le suivons tous :

Et le vent favorable, et la mer sans courroux [270]

Nous met au bord du Tibre, où le plus grand des princes

Reçoit les compliments de toutes ses provinces,

Et va revoir après le sceptre dans la main,

La maîtresse du monde et du peuple romain.

Lors Valentinian s'engage dans un crime ; [275]

Car il donne Isidore au sénateur Maxime,

Et se laissant conduire au conseil des valets,

Il trompe cette dame, et la force au palais.

Elle dans la douleur, dont son âme est atteinte,

Le dit à son époux, et meurt après sa plainte. [280]

Lui, conserve en son cœur, aussi triste que fin,

Un désir de vengeance, et l'exécute enfin.

Il corrompt par présents les gardes de son maître,

Le fait assassiner, et ce barbare traître

S'empare de l'empire, et son vœu s'accomplit, [285]

Il prend de l'empereur, et le trône, et le lit ;

Et l'amour qui se mêle à sa rage obstinée,

Force l’impératrice à ce triste hyménée.

Hélas ! J'étais absent en ce jour plein d'effroi ;

Notre fidèle Olimbre était avec moi ; [290]

L'impératrice en vain nous appelle à son aide ;

Nous arrivons trop tard, la chose est sans remède ;

Mais ce mari brutal, ce lâche usurpateur ;