Page:De Scudery - Eudoxe, tragi-comédie, 1641.djvu/20

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Lui parlant d'une mort dont il était l'auteur,

Dans la stupidité qui règne en sa pensée, [295]

Découvre ce secret à sa femme offensée.

Un désir de vengeance alors la posséda ;

De venir en Afrique elle me commanda,

J'oblige Genseric par l'objet de ses larmes,

De voir notre Italie, et d'y porter ses armes. [300]

Il s'embarque, il arrive, il prend Rome à l'instant ;

Maxime lui résiste, et meurt en combattant ;

Et ce prince Vandale, enfin par sa puissance,

Voit la reine du monde en son obéissance.

Olimbre fut aimé de ce puissant vainqueur ; [305]

Et Thrasimond son fils abandonna son cœur

À la princesse Eudoxe ; ô souvenance amère !

Genseric fut touché des charmes de la mère ;

Au point où j’espérais être le plus heureux,

Ce prince pour me perdre en devint amoureux. [310]

Il soupire, on le fuit, mais enfin il s'explique :

Et reprenant dans peu la route de l'Afrique,

Force l'impératrice (insensible qu'il est)

À suivre toute en pleurs le chemin qui lui plaît.

Moi qui me vois ravir la seule chose aimée, [315]

J'assemble mes amis, j'attaque son armée ;

Mais le nombre plus fort accable la vertu,

Et tout percé de coups, je me vois abattu.

Ce vandale passe outre, orgueilleux de sa proie,

Et fait voile aussitôt avec toute ma joie. [320]

Lors dans un désespoir qui n'a point de pareil,