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CORINNE OU L’ITALIE


CHAPITRE V


OSWALD parcourut la Marche d’Ancône et l’État ecclésiastique jusqu’à Rome, sans rien observer, sans s’intéresser à rien ; la disposition mélancolique de son ame en était la cause, et puis une certaine indolence naturelle à laquelle il n’était arraché que par les passions fortes. Son goût pour les arts ne s’était point encore développé ; il n’avait vécu qu’en France, où la société est tout, et à Londres, où les intérêts politiques absorbent presque tous les autres : son imagination, concentrée dans ses peines, ne se complaisait point encore aux merveilles de la nature et aux chefs-d’œuvres des arts.

Le comte d’Erfeuil parcourait chaque ville, le guide des voyageurs à la main ; il avait à la fois le double plaisir de perdre son temps à tout voir, et d’assurer qu’il n’avait rien vu qui pût être admiré, quand on connaissait la France. L’en-