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disait avoir été assassiné par les ordres de Ranuccio, duc de Parme, cet événement ayant fait grand bruit à Rome, dona Olimpia prévit qu’il deviendrait l’occasion d’une décision importante, et résolut d’y assister.

Jusque-là, aucun avertissement positif de s’abstenir de prendre part aux conférences politiques ne lui avait été donné ; et comme depuis l’avénement d’Innocent au trône elle n’avait pas cessé d’y assister, ouvertement ou en cachette, elle crut devoir user de ce privilège, surtout au moment où l’on paraissait disposé à le lui ravir.

Le pape fut instruit de ce projet ; de son côté, Pancirole en eut connaissance ; mais tous deux gardèrent le secret, l’un pour éviter tout éclat, l’autre dans l’espérance d’en voir succéder un décisif.

Le jour désigné pour la tenue du consistoire était arrêté, et l’on devait s’assembler dans la chambre du pontife, à l’issue de la messe papale. Tandis qu’elle se célébrait, dona Olimpia, usant sans crainte du privilège dont elle jouissait depuis si longtemps, entra d’avance par les appartements intérieurs, et pénétra jusque dans la chambre du pape. Dans l’un des deux vides qui formaient l’alcôve où se trouvaient les coffres dans lesquels Innocent déposait ses trésors, était pratiquée une retraite où se tenait dona Olimpia lorsqu’elle voulait assister aux conseils sans être vue. Dans les beaux temps de sa faveur, elle n’avait que rarement recours à cette précaution, qu’elle crut devoir prendre cette fois, sauf à se montrer tout à coup, comme cela lui était arrivé plus d’une fois, lorsque la discussion ne prenait pas un tour qui lui convînt.

La messe dite, des domestiques transportèrent le pape chez lui, sur une petite litière d’appartement, pour éviter un trajet que ses infirmités ne lui permettaient pas de faire facilement, et derrière lui suivaient à petits pas Astalli, le nouveau cardinal neveu, Pancirole, le camerlingue Sforza, le grand pénitencier Spada, Mascambruno, et quelques autres personnages qui devaient faire partie du conseil. Tandis que ce cortège se dirigeait lentement vers l’intérieur du palais, le cardinal Sforza fermait la marche. En causant avec mon-