Page:Delécluze - Romans, contes et nouvelles, 1843.djvu/260

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

duc de Parme se fut engagé à payer annuellement une espèce de tribut, que des banquiers de Rome devaient solder à des échéances déterminées. Or, il arriva bientôt que cette banque n’ayant pas reçu de fonds du duc de Parme, ne fit pas le payement accoutumé au trésor pontifical, lui sans doute avait plus de raisons de ménager les banquiers romains que le gouvernement du duc. On députa alors des commissaires de la chambre pontificale à Parme, pour répéter la dette ; mais ils y furent reçus par des soldats, qui pour toute réponse couchèrent les envoyés en joue et se moquèrent d’eux, ce qui mortifia singulièrement le pape. Pancirole voulait une rupture brusque, et avait même déjà fait quelques préparatifs de guerre ; mais, par l’entremise de Ferdinand II, grand-duc de Toscane, ce différend était sur le point de s’arranger, lorsqu’un événement aussi horrible qu’inattendu rompit toute négociation et mit le gouvernement du saint-siége dans la nécessité de se montrer implacable envers Ranuccio, le duc de Parme.

L’évêché de Castro étant venu à vaquer, Innocent X y avait nommé un religieux théatin, Christophe Giarda, contre le gré du duc. Giarda, connaissant les mauvaises dispositions du prince contre lui, avait fait tous ses efforts pour engager le pontife à révoquer sa nomination, prévoyant bien le malheur dont il était menacé. Ce fut en vain qu’il insista, il fallut obéir ; et il arriva en effet qu’étant à Acquapendente, Giarda fut assassiné par les soldats d’un certain Provençal, nommé Joseph Gaufride, qui, de maître de langue française de Ranuccio, était devenu le général de son armée.

C’était cet attentat sacrilège qu’il s’agissait de punir, et dont Pancirole fit connaître les détails et les preuves au consistoire. En cette occasion il était indispensable de venger l’injure faite au gouvernement spirituel et temporel du saint-siége ; aussi, le ministre d’état, par le rapport qu’il fit de cette affaire, ne laissa-t-il aucun doute dans l’esprit de ses auditeurs sur le parti qu’il y avait à prendre. Le pape et Pancirole n’aimaient point les Farnèse, parce qu’ils les regardaient comme des sujets rebelles à leur légitime souverain, et que d’ailleurs ils étaient alliés de la France. Aussi,