Page:Delécluze - Romans, contes et nouvelles, 1843.djvu/261

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saisissant avec empressement une occasion aussi favorable de sévir contre Ranuccio, fut-il décidé qu’on lui ferait la guerre, et qu’on n’y mettrait pas de relâche que le saint-siége ne fût rentré dans la possession du duché de Castro et du comté de Ronciglione.

Le pape eut l’extrême satisfaction de voir que tous ceux qui l’entouraient partageaient le désir qu’il avait de se venger, et il donna ordre au cardinal neveu de faire savoir au comte David Vidman et à Girolamo Gabrielli de se tenir prêts à conduire trois mille hommes à Castro, pour en faire le siége immédiatement.

L’importance de cette affaire avait donné jusque-là à la tenue du consistoire une gravité dont on se relâcha bientôt lorsque le pape eut pris sa décision. Les conversations devinrent particulières ; et quoique les sujets en fussent différents, tous ceux qui étaient présents s’accordaient sur un point, qu’il était indispensable, soit par la force des armes quand il en était besoin, mais plus particulièrement par la régularisation du gouvernement et des mœurs ecclésiastiques, de rendre au saint-siége l’éclat pur dont il serait à désirer qu’il brillât en Europe. « On ne saurait se le dissimuler, disait Flavio Chigi à plusieurs cardinaux placés près du pape, qui ne perdit rien de ce discours, non-seulement le nombre des hérétiques s’augmente effectivement dans le nord de l’Europe, mais parmi ceux qui résistent à tant de nouveautés dangereuses, il y en a beaucoup qui blâment avec une sincérité respectable une foule d’abus, de désordres, qui se sont introduits dans les habitudes du clergé romain. Pendant ma nonciature à Cologne, et durant la tenue du congrès de Munster, ajouta-t-il, ce qui a été débité contre les déportements du clergé catholique par les protestants vous ferait frémir. Il est de l’intérêt de tous ceux qui sont attachés à la sainte Église romaine de poursuivre le désordre partout où il s’est introduit. — Il faudrait commencer par faire une réforme dans les couvents, dit tout à coup Mascambruno ; la paresse et la luxure s’y sont introduites ; c’est là où est la racine du mal. — Laissez donc les pauvres moines en paix, interrompit Sforza ; c’est le haut clergé qui doit donner