Page:Delécluze - Romans, contes et nouvelles, 1843.djvu/274

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politique, dans l’espoir que les intérêts du saint-siége en deviendront plus prospères et votre majesté plus éclatante ; cette femme qui est devenue l’objet de la haine et de la méchanceté des hérétiques ; cette Olimpia enfin qui ne cessera jamais d’avoir pour vous une tendresse de sœur, elle se tient là à l’écart, mais près de vous comme une humble servante, veillant à tout ce qui vous est cher, et disposée, si le hasard voulait que ses conseils devinssent encore utiles, à se trouver fière de vous les offrir. »

Après avoir dit, dona Olimpia parut disposée à se retirer ; mais le pontife la retint, l’assurant qu’il avait besoin de lui exprimer toute la reconnaissance que lui inspiraient ses sentiments généreux. « Eh mais, bonne et aimable sœur, ajouta-t-il, en accomplissant un acte purement politique, est-ce une raison de croire que j’aie prétendu rompre les doux liens de la parenté ? Et si je suis forcé, par les injurieuses criailleries de gens dont au fond je ne m’inquiète guère, d’écarter votre personne de nos conseils et de nos palais, est-ce une raison pour vous fermer l’entrée de ma maison ? Est-ce que l’on prétend ôter à un souverain les consolations exclusivement réservées pour le foyer domestique ? Ah ! chère sœur, c’est une idée affreuse pour moi. Accablé par l’âge et les infirmités, ne pourrai-je plus trouver une voix et une main secourables qui fortifient mon âme, qui soulagent mon corps ? Non, non, dona Olimpia, je n’ai point entendu que les choses allassent ainsi. Vous avez si noblement renoncé au rôle apparent qui vous était échu, qu’il serait injuste de vous interdire les devoirs que vous remplissiez si bien dans l’ombre de la famille. — Prenez garde, Pamphile, de ne pas rester d’accord avec vous-même, et d’encourir le blâme de ceux... — Eh ! qui donc oserait me blâmer ? interrompit le pape avec fierté. D’ailleurs je ne change rien à ce qui a été établi. Aucune des personnes des cours étrangères n’a plus à se plaindre, tous vont s’adresser au cardinal Pamphile ; et quant aux résolutions que je prends, que l’idée m’en soit fournie par vous, par Pancirole, par mon neveu ou par tout autre, que leur importe, et qu’ont-ils à dire ? je suis le maître. — Nul doute, saint-père ;