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où, chargé d’une légation en Espagne, sa belle-sœur et lui entretenaient une correspondance par lettres qui les tenait au courant des intérêts qui les occupaient alors.

Dona Olimpia ne prenait pas part à de tels souvenirs sans quelque émotion ; mais accoutumée à résister à ces faiblesses, elle engagea son beau-frère à se calmer, lui laissant entendre qu’elle n’aurait pas un grand effort à faire pour reprendre auprès de lui le rôle de confidente et d’amie.

Lorsque dona Olimpia se disposa à sortir, ils se dirent adieu en souriant. Tous deux étaient contents l’un de l’autre. Innocent prévoyait qu’il retrouverait bientôt la causerie intime, la dorloterie journalière sans laquelle il ne pouvait pas vivre ; et dona Olimpia était certaine de ressaisir le pouvoir, objet constant de ses désirs.

Il ne s’écoula pas deux jours sans qu’elle ne fît l’essai de sa faveur renaissante. Un billet écrit au pape pour lui demander une audience nocturne ne resta pas longtemps sans réponse ; et nos deux inséparables se retrouvèrent bientôt ensemble dans les appartements du Quirinal. L’heure mystérieuse à laquelle ces entrevues avaient lieu, ainsi que les apparences de précautions prises pour dissimuler la présence de dona Olimpia au palais pontifical, donnaient du piquant à ces causeries, dont Pancirole et Astalli étaient instruits d’ailleurs, mais sur lesquelles ils fermaient les yeux volontairement, tandis que le pape se croyait obligé d’avoir l’air de considérer ses ministres comme des argus incommodes. Ce fut à l’abri de ces artifices, dont personne n’était la dupe, et d’une petite guerre d’observation continuelle, que dona Olimpia, obéissant ponctuellement à l’ordre qu’elle avait reçu de ne pas paraître publiquement chez le pape, et de ne prendre aucune part ostensible aux affaires, conserva cependant son empire sur l’esprit d’Innocent, et ne resta même pas étrangère aux décisions les plus importantes prises à la cour.

À peine eut-elle reçu une réponse favorable à son billet, qu’elle se rendit chez son beau-frère. Déjà elle avait repris dans la maison du pape tous ses anciens privilèges, et l’inspection du linge, des vêtements et de tout ce qui touchait