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à la nourriture particulière du pontife lui avait été rendu.

Quoique dona Olimpia mît fort peu d’art à jouer cette scène, Innocent se sentait toujours pénétré de tendresse et de reconnaissance envers sa belle-sœur lorsqu’il entendait de loin le son de sa voix.

Plus sûre d’elle déjà, Olimpia négligea cette fois les précautions oratoires, et fit entendre au pape, dès les premières paroles, que l’objet de sa visite n’était pas sans importance. « Si j’ai renoncé, dit-elle, avec une résignation qui n’a pas été sans charme pour moi, saint-père, puisqu’elle a contribué à votre repos, à paraître dans vos conseils, à mêler ma voix à celles de vos ministres, je pense que vous ne trouverez pas mauvais, quand le ciel m’inspire quelque idée dont votre sagesse pourrait profiter, de vous la soumettre. — Que dites-vous donc, sœur ? loin de là, je vous ordonnerais de le faire si vous n’en aviez pas la pensée. J’ai même recommandé expressément à Pancirole et à mon neveu Pamphile de ne rien faire sans prendre votre avis. — J’ai déjà eu l’occasion, saint-père, de m’apercevoir de cette attention de votre part, car vos ministres se sont souvent entretenus avec moi. — Mais voyons, dit le pape avec vivacité, de quoi s’agit-il ? — D’une opération de la plus haute importance, puisqu’elle rétablirait infailliblement dans le clergé la discipline dont l’inobservation sert de prétexte en Europe aux hérétiques pour décrier le gouvernement du saint-siége. Ce qui s’est passé depuis quoique temps jusque près de votre trône, saint-père ; l’impudence avec laquelle l’hérésie est venue distiller son venin jusque sur vous, démontrent qu’il est temps d’étouffer ses clameurs par une grande mesure qui tranche le mal dans sa racine. Un homme que vous connaissez et dont l’expérience est consommée, le prélat Fagnani, a, si je ne me trompe, mis le doigt sur la plaie, l’a sondée, et il offre le moyen de la guérir. Il m’a fait part de son projet, et, ajouta dona Olimpia en tirant un papier de dessous sa mantille, il me l’a même donné par écrit, afin que je pusse en prendre une connaissance approfondie. Je l’ai lu, et, à vous dire la vérité, j’en ai été satisfaite. Mais, peu confiante en mes lumières, j’ai pensé que vous désireriez