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naître une foule de réclamations auxquelles, selon l’usage à Rome en ce temps, on ne se proposait de répondre favorablement qu’en raison de l’importance des sacrifices pécuniaires que les demandeurs seraient en état ou en humeur de faire.

D’abord quelques cardinaux, les uns révoltés de l’injustice frauduleuse avec laquelle la désignation des couvents avait été faite, les autres en qualité de protecteurs de certains ordres, portèrent des plaintes, présentèrent même des requêtes jusqu’en plein consistoire, en faveur des monastères supprimés par surprise ; mais leurs efforts furent vains. Le pape, aveuglé par les hommes auxquels il accordait malheureusement sa confiance, resta sourd à ces demandes, répétant avec vivacité et humeur que ces détails étaient du ressort de Rasponi, de Fagnani et de Mascambruno, et que cela ne le regardait pas.

Quant à ceux-ci, dès qu’on leur adressait quelques réclamations de ce genre, ils en prenaient fidèlement des notes qu’ils remettaient à mesure à dona Olimpia, vers laquelle des agents subalternes avaient l’art de diriger les solliciteurs. Au moyen de cette espèce de pressoir administratif, qui commençait dans l’antichambre de dona Olimpia et finissait aux bureaux de la daterie, dirigés par Mascambruno, les coffres de la belle-sœur d’Innocent et ceux du fisc furent comblés d’or, sans préjudice des sommes qui revinrent au sous-dataire, à ses deux acolytes et à leurs nombreux agents.

Le gouvernement pontifical entra en possession de plus de quinze cents couvents, dont on fit la vente à son profit, et dona Olimpia retira près de deux mille écus romains (un million de francs) de cinq cents monastères frauduleusement compris dans la proscription légale, mais qui obtinrent d’elle la faveur de se racheter avec l’argent que l’Espagne fournit en cette occasion aux moines d’Italie.

Ces prodigieuses exactions, qui dispensent de faire connaître en détail la quantité de celles moins importantes qui se commettaient journellement, devinrent l’objet constant des méditations et des travaux de dona Olimpia. Depuis qu’elle ne pouvait plus prendre une part ostensible aux affaires