Page:Delécluze - Romans, contes et nouvelles, 1843.djvu/287

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des expéditionnaires du sous-dataire, savait cependant le moyen de se les rendre favorables, s’adressa successivement à Gracco, à Brignardel et à Degoux, pour expédier son affaire, leur promettant que celui qui la ferait réussir aurait, outre les frais d’expédition, huit ou dix pistoles de récompense. Degoux, qui faisait l’office de substitut auprès du sous-dataire, se chargea de tout, et satisfit Boulboul. — Jusqu’ici, interrompit dona Olimpia, je ne vois qu’un troupeau de fripons, dont Mascambruno a eu la maladresse de s’entourer. — Boulboul, reprit Azzolini, ayant son affaire et le compte de son expédition, voulut, en homme du métier, s’assurer qu’il y avait effectivement quatre cent six ducats de droits à payer, comme Degoux les lui avait demandés. Il alla donc à l’office des componendes, où il apprit que le droit ne se montait qu’à quatre cents. Fort de ce renseignement, Boulboul voulut faire rendre à Degoux les six ducats que ce dernier refusa ; ce qui fut cause que dans le dessein de se venger, Boulboul publia l’affaire dans toute la daterie, où l’on apprit de plus que les quatre cents ducats n’avaient pas même été versés. Brandano, le préfet des componendes, continua Azzolini, lorsqu’il vit que dona Olimpia n’avait rien à dire, apprit, à qui voulut l’entendre, un vol fait aussi ouvertement au pape, et à la suite des recherches qu’il fit dans le premier moment, il s’assura que depuis fort peu de temps on avait fraudé pour plus de quarante mille ducats à l’office des componendes,

» Toutes ces choses cependant s’étaient passées dans la daterie, et l’on se proposait, tout en redoublant de surveillance, d’assoupir cette affaire. Ce fut alors que Degoux et Gracco, craignant d’être recherchés pour leurs fraudes, s’enfuirent à Livourne. — Vous voyez bien, dit Olimpia, que ce sont ces fripons qui ont fait tout le mal. — Je ne les défends pas. Mais reprenons la suite de cette malheureuse affaire. On assure que c’est Mascambruno qui leur a donné l’ordre de partir de Rome. — Rien n’était plus sage ! — On ajoute que pour combler le déficit de la caisse des componendes, Mascambruno a restitué les quatre cents ducats volés par Degoux. — Cela est fort noble. — Aussitôt Mascambruno