Page:Delécluze - Romans, contes et nouvelles, 1843.djvu/291

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faire n’a été environnée d’un mystère plus grand, et j’ai eu mille difficultés à surmonter pour vous la faire connaître. Mais j’ose vous affirmer que les renseignements que je viens de vous transmettre sont vrais dans leur ensemble et suffisants pour vous éclairer sur la conduite que vous aurez à tenir envers Mascambruno, si, comme je le crains, des personnes dont il ne croit pas avoir à se défier ne s’apprêtent pas en secret à lui susciter de nouveaux embarras. — Vous avez donc quelques soupçons à ce sujet ? — On a parlé d’une démarche du père Lolli, confesseur du pape, auprès de sa sainteté, qui pourrait avoir des conséquences graves ; mais tout cela est encore un mystère impénétrable. Au résultat, Mascambruno en est arrivé, pour prouver son innocence, à poursuivre la punition de ceux qu’il donne comme coupables. Tel est le point où en est cette affaire, madame, et je terminerai en vous disant que Mascambruno et Cecchini doivent avoir demain une conférence à ce sujet avec le pape. Pancirole et le neveu y seront sans doute ; je vous laisse à juger maintenant de ce que vous avez à faire. Croyez-vous devoir y assister ? ou pensez-vous qu’il vaille mieux que je m’informe de tout ce qui aura été dit pour vous en instruire ? Décidez ; je suivrai vos ordres.

— Si vous êtes certain, dit Olimpia d’un air soucieux, de vous tenir au fait de tout... — Soyez tranquille, excellence, interrompit Azzolini. — Eh bien, je préfère n’être pas présente à cette conférence. Je verrai le pape après... le soir... Je vous remercie, Azzolini, ajouta dona Olimpia, dont la voix était sensiblement altérée ; je ne vous oublierai pas dans l’occasion. » Le prélat se retira en faisant une profonde révérence, et la belle-sœur d’Innocent alla se jeter sur son lit, l’esprit plein d’inquiétudes et de présages sinistres.

La conférence annoncée par Azzolini eut en effet lieu chez le pape. Mascambruno, en présence du dataire, de Pancirole et du cardinal neveu, employa toutes les ressources imaginables pour prouver que la signature du pape et la sienne avaient été contrefaites, non-seulement sur la bulle accordée aux Portugais, mais sur une foule de suppliques dont la fausseté avait également été reconnue. Non content