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union était indispensable à l’affermissement et à la réussite de ses projets ultérieurs.

Le pape vivait ; sa santé, quoique fréquemment interrompue par des accidents très-fâcheux, était forte encore ; mais enfin il atteignait sa quatre-vingtième année, et dona Olimpia, qui n’avait pas pour habitude de se laisser aller aux illusions, s’en faisait moins que jamais dans ces circonstances. Il s’agissait pour elle d’abord d’accroître autant qu’il lui serait possible ses immenses richesses pendant le reste de jours que le ciel accorderait à son beau-frère ; puis d’augmenter le nombre de ses créatures dans le sacré collège et parmi les grands dont l’influence pourrait lui être favorable au prochain conclave, par le choix d’un nouveau pontife intéressé à se montrer indulgent pour elle. Enfin elle voulait assurer la destinée de la maison Pamphile, en l’associant à celle d’une famille riche, illustre et appelée à voir l’un de ses membres élevé au trône pontifical, ou au moins assez puissante pour protéger dans leurs biens et leurs personnes, contre le pape futur, les héritiers d’Innocent X. Tel était le problème que cette femme s’était donné à résoudre, et que la princesse de Rossano, bien à son insu sans doute, commençait à débrouiller en entourant Innocent X de ses neveux, de ses nièces, et de toutes les douceurs de la vie de famille.

En effet, les princes de Piombino et Justiniani, sans être devenus précisément amis, n’avaient plus de répugnance à se trouver ensemble, depuis que le lieu de rencontre pour eux était le palais du pape, où la princesse de Rossano les attirait en leur faisant obtenir des grâces de leur oncle. Les deux jeunes femmes, les filles de dona Olimpia, les princesses Clémence et Constance, étaient devenues beaucoup plus aimables, et se sentaient même mieux disposées pour leur mère depuis que, n’habitant plus avec elle le palais Pamphile, elles jouissaient, au Vatican d’une liberté pleine et entière dans la société journalière du pontife, leur oncle, ou dans celle de leur belle-sœur, la princesse de Rossano.

Dona Olimpia était ponctuellement instruite de tous ces détails par son fidèle prélat Azzolini, auquel, depuis sa re-