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Pendant qu’Innocent embrassait encore tendrement son petit-neveu, à qui il avait donné sa bénédiction, dona Olimpia fit signe à Azzolini de demeurer.

La conversation prit à l’instant un tour grave. « Que savez-vous de nouveau, monseigneur Azzolini ? demanda dona Olimpia. — On assure, répondit le jeune prélat, que les troubles de France sont sur le point de s’apaiser, et que l’on veut rappeler le cardinal Mazarin à la cour. C’est au moins le bruit qui courait hier dans le palais de l’ambassadeur de France. » Cette nouvelle agréable à Antoine, qui devait à Mazarin presque toutes les faveurs qu’il avait obtenues en France, valut à Azzolini un sourire protecteur du cardinal. « La guerre des Vénitiens contre les Turcs, ajouta le prélat, est tout aussi acharnée que jamais. Monseigneur le duc de Parme met deux mille hommes armés à la disposition de la république, et l’on ajoute que le prince Horace Farnèse, son frère, doit les commander. — Cela est certain, dit le cardinal ; mais si sa sainteté veut m’en donner la permission, je lui ferai connaître des nouvelles plus fraîches de Venise ; car mes deux neveux, Carlo et Maffeo, en arrivent. »

Dona Olimpia éprouva intérieurement du plaisir en apprenant cette dernière circonstance, qui l’assurait que l’absence des neveux d’Antoine n’avait pas été une défaite comme elle l’avait pensé.

« Après toutes les bontés que vous avez eues pour ma famille et pour moi depuis mon retour de France, ajouta le cardinal, je crois être agréable au saint-père et à vous, princesse, en vous faisant part des choses heureuses qui viennent encore de nous arriver. À la suite des différends qui s’étaient élevés entre mon oncle Urbain, d’illustre mémoire, et le duc de Parme, les Vénitiens, alliés aux Modenois et aux Parmesans contre le saint-siége, avaient séquestré les biens et les bénéfices que nous possédons sur le territoire de la république. Longtemps, mais en vain, nous fîmes des efforts pour rentrer dans ces propriétés ; jusqu’au moment qu’entraînée par l’exemple de votre généreuse indulgence, la sérénissime république nous a, ainsi que vous, rendu tous ce qui nous appartient ; et c’est pour remercier le sénat que