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l’état où était la population de Rome, ainsi que les fatigues et les émotions qu’il avait éprouvées, rendaient son retour au Vatican indispensable.

L’ordre du retour fut tout autre que celui de la venue. Averti par l’expérience, Antoine Barberin avait fait venir une voiture du pape, où il se plaça avec le saint-père. Un assez bon nombre d’hommes à cheval entouraient l’équipage, et Azzolini, contraint de diriger le cortège, ordonna de partir au grand trot, en faisant faire place à la foule bon gré mal gré.

Pendant la nuit qui suivit cette journée, aucun des habitants du palais Pamphile, depuis la maîtresse du logis jusqu’au dernier des valets, ne ferma l’œil. Tout le domestique de la maison n’était occupé qu’à faire des conjectures sur les serviteurs congédiés, pour trouver le coupable ; et de son côté, dona Olimpia, vivement affectée des sommes qu’elle avait perdues, revenant sans cesse à ses tiroirs vides, retombait péniblement sur l’espèce d’ordre que lui avait donné le pape de faire encore de nouvelles dépenses en aumônes.

Il faisait grand jour depuis longtemps, qu’elle était encore en proie à ces préoccupations pénibles, lorsqu’on vint lui annoncer que monseigneur Azzolini était chargé de lui parler de la part du saint-père. Un laquais qui suivait le prélat déposa une petite cassette au moment qu’ils furent introduits dans l’appartement. Dès que le domestique se fut retiré, Azzolini donna des nouvelles satisfaisantes sur le retour et sur la santé du pape : « La ville est calme maintenant, ajouta-t-il ; plusieurs gens du peuple, plus opiniâtres et plus insolents que les autres, ont été arrêtés par les sbires et traînés en prison. La place Navone et votre palais sont l’objet d’une surveillance particulière, ainsi vous pouvez prendre du repos. Sa sainteté, madame, était impatiente de vous faire parvenir des paroles rassurantes sur tout ce qui excite votre inquiétude, et elle a bien voulu me charger de ce message auprès de vous. — Je sais, monseigneur Azzolini, tout ce que vous avez fait hier pour sa sainteté, répondit Olimpia, et le souvenir en restera éternellement gravé dans ma mémoire. Fasse le ciel que le pape vous récompense selon vos mérites ! — Sa bonté s’est déjà largement étendue