Page:Delécluze - Romans, contes et nouvelles, 1843.djvu/365

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sur moi, princesse, puisqu’il a daigné me choisir pour intermédiaire entre vous et lui ; car, ajouta Azzolini en indiquant la cassette que le serviteur avait déposée, je n’ai rempli qu’une partie de ma commission. — Qu’est-ce ? demanda dona Olimpia en souriant. — Nous savons tous combien le pape est bon, madame ; mais ce que l’on ignore, lorsque l’on n’a pas l’honneur de le servir de près, c’est à quel point sa bonté prend des formes délicates pour se manifester. Je ne saurais vous dire combien le saint-père a été affecté de la perte que vous avez faite de vos bijoux, ainsi que des violences du peuple autour de votre palais. Ces événements sinistres lui revenaient sans cesse à l’esprit, et hier au soir il en parlait à tous ses serviteurs. Il s’est épanché plus particulièrement avec moi sur ce sujet, et après une conversation dans laquelle je me suis abstenu de parler de la lettre anonyme, le saint-père a bien voulu me consulter sur ce qu’il se proposait de faire. Je n’ai pu qu’approuver sa décision, et il m’a chargé de vous remettre trente mille écus (150,000 fr.) pour remplacer vos bijoux, avec une somme égale destinée à apaiser la fureur populaire en la distribuant aux pauvres des paroisses de Rome. Vous trouverez le tout dans ce coffre. »

Chose rare ! les larmes vinrent aux yeux de dona Olimpia en recevant cette heureuse nouvelle. Elle prit les mains d’Azzolini, et peu s’en fallut qu’elle ne l’embrassât, tant la joie débordait de son cœur.

En effet elle fut vive, mais de peu de durée ; car après avoir suivi le conseil du voleur, en cachant avec plus de soin ce nouveau trésor, dona Olimpia voulut aller aussitôt remercier le pape. Elle se rendit au Vatican ; mais à peine y était-elle entrée qu’elle vit des préparatifs de départ dont elle ignorait la cause. Le marjordome ne tarda pas à l’instruire de la résolution subite qu’avait prise le pontife d’aller s’établir au palais Quirinal. Inquiète, elle monta rapidement les escaliers, pénétra dans les appartements, et trouva son beau-frère entouré de quelques serviteurs, parmi lesquels était le fidèle Pablo. Tous étaient occupés à maintenir le saint-père, s’agitant sur son fauteuil en répétant : « Tout