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est-il prêt ? Allons, partons ; je ne veux pas rester plus longtemps ici ! » Puis, apercevant sa belle-sœur, il ajouta du même ton : « Faites donc que tous ces gens se hâtent ! Partons, partons pour le Quirinal. »

Le désordre des traits et des discours d’Innocent fit reconnaître aussitôt à dona Olimpia que la santé et la vie même de son beau-frère couraient des dangers. Elle ordonna d’aller préparer la chambre du pape au Quirinal ; on attela des chevaux à une voiture fermée, et dona Olimpia elle-même, accompagnée d’Azzolini et aidée par Pablo, transporta le pape où il avait pour idée fixe de se rendre. Durant le trajet d’un palais à l’autre, Innocent, emmaillotté dans des couvertures, ne proféra que quelques paroles sans suite, laissant à peine supposer qu’il eût la conscience de sa position. Arrivé au Quirinal, on le mit au lit, et lorsque tout fut disposé en ordre, dona Olimpia, en se retrouvant dans cette même chambre où deux années avant elle avait établi si fortement sa puissance, ne put se défendre d’un mouvement de satisfaction intérieure en se voyant revenue au même point.

Cependant tout était bien changé. Le pape, après deux jours passés dans un état de stupeur et d’immobilité qui fit plusieurs fois désespérer de ses jours, reprit l’usage de ses membres et de sa raison, mais avec une altération sensible. On le levait pour le placer sur son siége ; il ne marcha plus, sa mémoire s’affaiblit, et toute application soutenue lui devint désormais impossible. Sa dernière apparition dans les rues de Rome lui avait été fatale. Les injures et les menaces du peuple adressées soit à lui, soit à sa belle-sœur, avaient rempli son âme de terreur et de chagrin. Rentré au Vatican, et tout ému encore des dangers que courait dona Olimpia et du vol qui avait été fait chez elle, il avait vu clairement qu’on ne lui pardonnerait jamais de s’être remis sous l’empire d’une femme dont il lui était plus que jamais impossible de se séparer ; enfin, les craintes que lui inspirait la fureur populaire excitée par dona Olimpia, l’avaient entraîné à un acte qu’il avait accompli en quelque sorte malgré lui, puisque sa raison n’avait pu résister à son penchant lorsqu’il