Page:Delécluze - Romans, contes et nouvelles, 1843.djvu/378

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ainsi que presque tout le clergé romain, portait aux doctrines des jansénistes. Ce dévouement plut à Innocent, qui se promit de le récompenser. Cependant, lorsqu’il fut question de donner la pourpre à Albizzi, on lui opposa plusieurs rivaux dangereux ; il eût même été écarté si dona Olimpia et le pape ne se fussent accordés à lui conférer cette dignité. Albizzi, qui n’était point aimé, avait pour ennemi capital l’un des plus vieux cardinaux, Maculano, de l’ordre des Dominicains, religieux austère, remplissant rigoureusement ses devoirs, haïssant la famille Pamphile, la traitant avec dureté, et signalant sans cesse en tous lieux et à haute voix la présence scandaleuse de dona Olimpia auprès du pontife. Ce moine, fort âgé et très-spirituel, qui avait toujours vécu loin des affaires et des intrigues de la cour, était, depuis la mort de Pancirole, celui qui avec Chigi semblait aux cardinaux ennemis de dona Olimpia le plus propre à faire cesser les désordres du gouvernement pontifical. La haine qu’Innocent rendait à Maculano, et l’espérance dont se flattait dona Olimpia d’augmenter le nombre des ennemis du dominicain dans le sacré collège, firent donner le chapeau à François Albizzi.

Des espérances moins solidement fondées, quoiqu’elles eussent été entretenues par des promesses et par des dons assez considérables de se lier aux Barberins, rendirent dona Olimpia favorable à la nomination d’Ottavio Aquaviva, Napolitain, beau garçon, grand parleur, mais assez médiocre sujet.

Il y eut de grandes discussions à propos de Charles Pio, de Ferrare. C’était un homme maladif, dont la constitution faible entrait pour beaucoup dans l’étalage de son rigorisme et de sa vertu. Dans son évêché de Ferrare, où il résida longtemps, il était devenu insupportable au clergé de son diocèse ; et soit pour cette raison, ou parce qu’il pensait, comme il le disait, que l’air de Rome convenait mieux à sa santé, il revint dans cette ville, où il acheta la charge de trésorier de chambre.

Pio était un homme fort ordinaire, qui ne se recommandait que par sa famille illustre et riche, et par une vertu dont