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foule s’étendait jusqu’à la porte de la chambre du pape, se retournèrent au bruit de cette exclamation, et malgré la gravité de la circonstance, on vit sourire plus d’un des assistants.

Le pontife fit également sa paix avec les cardinaux Cecchini, Maculano, Palotta, Maldachini, et quelques autres encore, envers lesquels il s’était souvent montré fort injuste pour se venger de la haine qu’ils portaient à sa belle-sœur.

On était curieux de savoir comment il se comporterait à l’égard du cardinal Astalli. Les Barberins, ainsi que les cardinaux liés à dona Olimpia, désiraient vivement que le pape se raccommodât avec Astalli, dans l’espoir que cet acte de condescendance ramènerait ce jeune cardinal dans la faction barberine au prochain conclave. Mais le pontife tint rigueur à celui qu’il avait tour à tour élevé si haut et précipité si bas. Il ne lui adressa pas un seul mot lorsqu’il s’approcha de son lit ; au contraire, il affecta même à ce moment de demander l’un de ses serviteurs subalternes, auquel il fit des excuses pour des duretés qu’il prétendait lui avoir dites, et dont le pauvre domestique ne se souvint même pas.

Le médecin Parisio fit comprendre aux assistants qu’il serait à propos de laisser le pape seul quelques instants pour prendre du repos. On sortit de la chambre sans s’écarter du Quirinal. Les cardinaux, les prélats et tous les grands fonctionnaires de l’état se dispersèrent dans les différentes parties du palais. Déjà les factions opposées qui devaient se rencontrer au conclave commençaient à faire des tentatives pour se recruter. Les Barberins, sans avoir encore jeté leurs vues précisément sur le successeur d’Innocent, rassemblaient autour d’eux ceux qu’ils comptaient trouver favorables à leur cause et à celle de dona Olimpia. Azzolini, Gualtieri, leurs amis et leurs créatures, les aidaient avec zèle dans cette circonstance. Plus loin on voyait le moine Maculano entouré du petit nombre des cardinaux qui, par l’austérité de leurs mœurs et dans l’idée de mettre fin aux scandales du règne qui allait finir, désiraient élever sur la chaire de saint Pierre un homme pieux et inaccessible à toute séduction.

Le cardinal de Retz n’était pas des moins actifs dans ces