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Comme la jeunesse d’Azzolini, sans parler d’autres obstacles, ne permettait pas à ce cardinal d’avoir la moindre prétention à la tiare, les frères Barberin ne firent aucune difficulté de lui communiquer ce qu’ils venaient de décider, et ils reçurent son approbation. Mais lorsque les trois éminences en vinrent à parler des deux candidats proposés dans les conférences préparatoires, Azzolini ne voulut pas s’engager avec les Barberins à soutenir exclusivement Sachetti. Quoiqu’il ne s’expliquât pas aussi nettement que chez l’ambassadeur d’Espagne, il fit entendre cependant qu’il se proposait de conserver quelque indépendance, jusqu’au moment au moins où l’on entrerait en conclave.

Les derniers sentiments manifestés par Innocent X à son lit de mort, sans rompre complètement les intrigues formées d’avance pour amener l’élection d’un nouveau pontife favorable à dona Olimpia et aux Barberins, avaient singulièrement modifié la disposition générale du sacré collège. Le nombre des cardinaux pieux, sincères et attachés réellement aux intérêts de l’Église, s’était accru d’un certain nombre de leurs frères, qui, mus cependant par des motifs bien moins purs, se rapprochaient d’eux au moins, les uns par raison de politique temporelle, les autres pour se ménager un avenir à la cour future. Ceux qui, tels que Jean-Charles de Médicis et Trivulci par exemple, avaient bien quelques raisons de préférer un pape indulgent, comme on se flattait que l’eût été Sachetti, s’apercevaient cependant, en leur qualité d’hommes d’état et de prince, qu’Innocent avait fait une recommandation pleine de sagesse et de prudence, en engageant le sacré collège à faire cesser les scandales que la cour de Rome donnait à toute l’Europe ; en indiquant l’observation rigoureuse de la discipline, comme le remède aux maux de l’Église, et en désignant enfin pour son successeur Fabio Chigi, connu de tous par l’austérité de ses mœurs et sa prudence en politique.

Quant, aux hommes tels que Gualtieri et autres, qui avaient profité des désordres du gouvernement pendant la faveur de dona Olimpia, pour s’élever où ils n’auraient jamais dû parvenir ; quant à Azzolini, qui s’était habilement